Le sexe dans tous ses états: les baby-boomers

Faire l'amour à 15, 25, 35 ou 55 ans, qu'est-ce que change ? Quelle spécificité de la sexualité selon les âges ? Cette semaine notre petite chronique sexo de l'été s'attaque à la sexualité des seniors, une génération de jouisseurs, les baby-boomers.

D'eux ont dit qu'ils ont tout eu, tout connu, tout vécu... Mai 68, la révolution sexuelle, les trente glorieuses, le plein emploi etc. Et bien sûr la contraception et l'IVG. Eux, ce sont les enfants d'après guerre, ceux qui sont nés dans les années 1946 à 1975 lorsque la courbe démographique est devenue folle. Les enfants du baby-boom sont désormais des "papi/mamie boomer". Le boulot, les enfants... c'est fait. Reste plus qu'à profiter et de ce côté là encore tout va pour le mieux selon le Docteur David Elia, gynécologue, auteur de "Faire durer le plaisir : la sexualité des enfants du baby-boom".
Quelle est la spécificité de la sexualité des baby-boomers ?
C'est une sexualité qui n'a jamais existé auparavant, entendez par là une sexualité libre. Les partenaires aussi bien masculins que féminins peuvent par exemple être multipliés sans pour autant déclencher d'opprobre sociale. Cette sexualité libérée l'est à différents degrés et à différents niveaux selon les cultures. Mais attention, sexualité libérée ne veut pas dire, sexualité débridée. Cela veut dire que l'ont peut choisir son partenaire sexuel, que l'on peut avoir des expériences hors mariage - ce qui était totalement interdit il y a encore un siècle même dans notre pays - que les exigences des femmes se sont révélées, qu'elles ont osé dire qu'elles avaient ou n'avaient pas de plaisir, qu'elles ont osé revendiquer...
Qu'est-ce qui explique culturellement cette liberté ?
Cette sexualité a d'abord été promue par l'avènement des moyens de contraception dans les années 60-70, dont les baby-boomers sont devenus les principaux bénéficiaires. Il est clair que sans cette contraception, pilule en tête, il n'y aurait pas eu de libération de la sexualité. On a fait un grand pas en l'espace d'un demi siècle en matière de sexualité. Les enfants aujourd'hui en profitent sans savoir que c'est une vraie différence par rapport à avant. Mêmes certaines adolescentes ignorent encore parfois les combats de leurs aînées pour obtenir cette contraception libre et gratuite ainsi que l'interruption volontaire de grossesse, étapes qui ont été franchies par et pour les enfants du baby-boom. Cette génération a tout innové sur son chemin. La cuisine, la musique, l'art de se divertir, l'art de profiter de la vie, des belles et bonnes choses... Ils ont bien sûr initié une nouvelle sexualité lorsqu'ils avaient 18-20 ans, mais continuent aussi de la pratiquer du mieux qu'ils peuvent grâce à la médecine au-delà des 60-70 ans.
Y a-t-il des conséquences sur l'éducation de leurs enfants?
C'est une question très importante. Dire que la sexualité n'est plus un tabou et qu'on en parle jusqu'à la table familiale, serait aller un peu trop loin. Mais tout de même, on parle des règles à la télévision à propos des tampons, on parle de comment on fait les bébés etc. Rare sont aujourd'hui les enfants qui ne savent pas que le papa met une graine dans le ventre de la maman. On reste peut être évasif sur le comment il la met mais je dirais que toutes ces choses là sont définitivement rentrées dans les moeurs, contrairement à il y en encore un demi-siècle lorsqu'on racontait aux enfants qu'ils naissaient dans les choux. La libéralisation n'entraine pas une dépravation mais une meilleure compréhension de ce qu'est la sexualité, de ce qu'est l'amour.
Et sexuellement, c'est une génération active?
Toutes les enquêtes sur la sexualité des femmes de plus de 50 ans montrent qu'elles ont une sexualité toujours plus épanouie après 50 ans, voire après 60 ou 70 ans, et ceci est une des grandes évolutions de la sexualité de nos contemporains. Je pense que cela est dû aussi au progrès de la médecine qui permettent à ces femmes de continuer à avoir une sexualité harmonieuse d'autant qu'elles rencontrent des partenaires qui étaient auparavant - pas toujours mais souvent - défaillants sur le plan de l'érection et qui ont désormais trouvé une solution masculine à ces problèmes d'érection par l'accès aux médicaments spécifiques. Cette génération a parachevé sa révolution sexuelle en bénéficiant des innovations de la médecine. L'augmentation des espérances de vie sexuelle due aux changements des mentalités et aux innovations médicales n'exclut pas des incidents de parcours, qu'ils soient d'ordre mécanique (sécheresse vaginale, impuissance), qu'ils soient liés à la perte de libido, ou dûs à l'âge : cancer, ménopause, ostéoporose, problèmes de prostates, ou encore andropause, mais ils ont pour la plupart des solutions.

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